Parfum d’alcool
Une bonne bière fraîche, un verre de rosé, un drink concocté sur le comptoir de la cuisine puis dégusté dans la balancelle… au soleil, entre amis. Le verre de rouge dans une coupe de plastique sur la table de camping. Le « juste une petit larme » d’Amaretto versé dans un café de fin de soirée.
3 ans! Le 15 septembre prochain, j’en serai à 3 ans de sobriété. « Champagne pour tout le monde! » C’est bien comme ça que l’on souligne les grands événements! Moi, désormais, les bulles, je les bois cul-sec, à grands crus de Perrier, de Saint-Justin et autres bouteilles vendues à la caisse chez Costco.
Je n’ai pas trébuché. Je mesure les bienfaits de ma grande volonté mais cet été, c’est dur.
C’est dur parce que je vais bien. La vie reprend son cours normal et ma santé aussi. Pourquoi me priver? Pourquoi ne pas profiter de ces petits plaisirs… comme tout le monde? Vous savez, il faut bien répondre « Non merci! » quand on nous offre une bière ou un verre de vin. « Certaine que t’en veux pas? » Ce n’est pas tout le monde qui sait…
Me voilà devant LE piège. Le plus sournois. Combien de bipolaire cessent de prendre leur lithium quand tout se met à aller comme sur des roulettes? Combien croient que les ennuis sont derrière eux? Qu’ils redeviennent enfin normaux, comme tout le monde?
Il ne m’est jamais venu l’idée de cesser ma médication. La logique doit aussi s’appliquer à l’alcool. Mon désir de reprendre une vie moins contraignante m’attendrait dans le détour comme un vrai guet-apens.
Alors que faire? Prendre des parts dans la compagnie Perrier?
Ben non!!! Je sais qu’il faut toujours prendre ce foutu recul. J’enrage mais faut être grande et se garder une bonne tête. « Good girl! » La recette ne change pas… n’empêche que j’haïrais pas ça me lâcher lousse… bambocher un peu sur le bord du feu.
La mauvaise fille me fait de l’œil. Rien qu’une petite tournée! Une petite virée! Un bref retour en mode « détestable ». Please!!!
Vous savez bien que si j’écris ceci c’est que j’ai pris mon tabarouette de recul. J’ai repensé à mon premier Noël sec. J’ai revu toute ma famille assise à ma table, trinquant avec un verre… d’eau. Personne n’avait ouvert de bouteilles de vin. Un appui monumental venant d’une famille où trinquer fait partie de toutes les fêtes.
Je peux aussi vous parler de celui qui un jour m’a fait vraiment plaisir : mon compatriote de « brosse » familial. C’est mon frère Yann. Il n’est pas alcoolo mais il aime le bon vin.
Un soir, quand je suis arrivée chez lui, il m’avait acheté un « six pack » de bière 0,5% avec du Clamato ( j’aime bien boire ça). Une attention indiscutablement touchante. Entre ça et une bouteille de vin, je choisis « ça ». Parce qu’il y avait beaucoup d’amour dans ma bière-Clamato ce soir-là.
Comment faire pour m’aider à ne pas rechuter ? Donnez-moi à boire.