L’avocat du diable – Est-ce l’avocat de Guy Turcotte?
Voilà 24h que le verdict est tombé. Le cardiologue qui a assassiné ses enfants a été jugé non criminellement responsable de ses actes pour cause de troubles mentaux. Le Québec est sous le choc! Reculez de plusieurs décennies et son sort aurait sans doute été différent, il n’aurait pas fait long feu sur cette terre sans même avoir pu goûter les tomates qu’on lui aurait lancées.
Émotivement, le diable c’est probablement Guy Turcotte. Intellectuellement, son avocat c’est nous. Pour devenir un avocat du diable, il faut écouter… tout, tout, tout. S’informer… pour vrai. Faire l’effort de se nourrir des arguments de tous les partis. C’est ce que les jurés ont été forcés de faire. Eux, ils ont tout vu, tout entendu. Ils ont absorbé toutes les émotions du tribunal.
Ils ont dû foutre à la poubelle, durant de longues semaines leurs idées préconçues, leurs perceptions et leurs peurs afin de se rendre disponibles pour entendre ce récit d’horreur et ses lourdes conséquences. Ils sont vous et moi… et ils ont fait un choix.
Ayant suivi, dans les médias, le procès. Ayant pris connaissance des réactions à la suite du verdict. Ayant fait l’effort de m’attabler devant mon ordinateur pour vous en parler, je peux vous dire que mon opinion navigue toujours en zone grise.
Je gagne pourtant ma vie en parlant de santé mentale. Le sujet est tellement complexe. Et moi, je m’efforce, tous les jours de le rendre simple et compréhensible. La santé mentale au quotidien c’est une chose. Le cas de Guy Turcotte, c’est spectaculaire. Autant le jury croit qu’il a perdu le contact avec la réalité pour ainsi tuer ses enfants, autant la population a du mal à trouver ce verdict réaliste. Je dois avouer que le cas Guy Turcotte fait mordre la poussière à mon « petit avocat du diable ». Il patine.
Ce qui m’inquiète, c’est qu’une fois de plus, la santé mentale soit démonisée, que ce terme soit encore une fois associé à un crime. Une infime minorité de personnes souffrant d’un trouble de santé mentale recèle un potentiel dangereux. Même qu’au Canada, les personnes souffrant de maladies mentales seraient responsables de moins de 3% de la violence dans la société selon Anne Crocker. Ph.D.
J’ai toujours pensé qu’un trouble de santé mentale peut expliquer bien des choses. Il permet de comprendre des attitudes et des agissements, il permet d’être un peu plus tolérant envers ceux qui en souffre MAIS….. il n’excuse rien!