Ça change quoi pour moi? (la suite de … Croyez-vous ?)

Quand je suis retournée travailler, on m’a donné le temps de m’adapter.

Imaginez-vous! Premier jour de travail après un long congé de maladie. Une salle de nouvelles bruyante. Les téléphones sonnent. La télé, la radio et le scanner se disputent l’espace sonore. Les journalistes discutent de leur affectation du jour.

Y’a de l’énergie dans l’air. Trop d’action. Vous êtes assise sur votre chaise à roulettes et vous avez l’impression d’assister à une pièce de théâtre. Vous êtes étourdie. Vous ne pensez qu’à une chose : rentrer vite à la maison et vous blottir dans votre grosse douillette fleurie.

Vous êtes plus fort que ça… Allez!!! Vous pianotez sur votre clavier et vous ….respirez!!!

Les jours passent et vous vous adaptez tranquillement. On m’a donné du temps. Je n’ai repris l’antenne que quelques mois plus tard.

Mon plus gros défi était… personnel. Une lutte perpétuelle contre mes symptômes bipolaires. J’avais encore des croutes à manger pour les faire taire. Je devais apprendre à reconnaître les signes avant-coureurs d’une montée hypomane. Ça rime à quoi? Excès de bonne humeur ou d’agressivité, ton expéditif, blagues douteuses… C’est comme oublier de mettre un filtre dans la cafetière : on boit du café plein de graines.

Après 3 ou 4 jours de « vomi verbal » vous RÉALISEZ. Vous vous êtes fait prendre. Vous n’avez pas reconnu les symptômes. Du coup, vous avez honte. Vous devez retourner travailler en ayant pris conscience de votre comportement des derniers jours. Comment y faire face? Un soir, je me suis imaginé un tableau et une efface. J’ai pris mon efface et j’ai effacé le tableau. C’était ça ou me cacher sous la table.

Y a les effets secondaires de la médication aussi. J’avais chaud, toujours en sueurs. Pas très sexy hein! Pour mon confort, je me suis métamorphosé en joueuse de Bingo : j’ai placé un ventilateur sur mon bureau. Bizarre!  Faut passer par-dessus les complexes.

La médication assèche les muqueuses. Une attaque de soif est vite arrivée. Il faut boire.

Vous vous endormez, votre corps est lourd. C’est plus fort que la police. C’est arrivé parce que j’ai dû modifier ma médication un fois le boulot repris. L’adaptation aux nouvelles molécules est ardue.

La mémoire! Je notais ce que je faisais dans la journée. J’oubliais des p’tites choses. Quand on me le faisait remarquer, je m’en sortais avec une p’tite blague. L’humour, ça sauve beaucoup d’explications.

La concentration. Ç’est comme le reste, ça revient tranquillement.

Voici ce à quoi ont ressemblé mes premiers mois au travail. Les choses se sont grandement améliorées par la suite. Je suis retournée en ondes. J’ai choisi de ne travailler que 20 heures par semaine.

J’ai appris à freiner mon hypomanie et à vivre avec mes moments de cafard. Aujourd’hui, je vis le plus clair de mon temps dans une zone stable et confortable.

Pour toutes sortes de raisons, dont celle de donner des conférences sur le sujet, j’ai choisi de quitter mon emploi. J’avais besoin de réduire mon taux de stress.

Surtout j’ai réalisé que j’avais eu un peu de chance. Un amoureux compréhensif, un fils ayant une belle nature, un entourage attentionné, un médecin hors pair, une psychologue dévouée et un patron ouvert.  Contrairement à bien d’autres, j’avais le confort d’un poste syndiqué et une assurance salaire. Si on ne m’avait retiré qu’un seul de ses éléments? Mon château de carte n’aurait pas été si solide.

Alors, qu’est-ce que ça change d’en parler?

Vous pouvez apprendre et… essayer de comprendre.

Comments

[Louise]

C'est pour cela que je t'aime, tu es si GRANDE. Tu fais face et tu sais conduire, tu regardes en avant.